La Balade d'Amelie

Balade dans l'exposition Vertigo

La Fondation Carmignac présente pour la saison 2025 une grande exposition intitulée VERTIGO, visible jusqu’au 2 novembre. Imaginée et conçue par le commissaire d’exposition Matthieu Poirier, cette exposition propose une exploration sensorielle et immersive autour des phénomènes naturels et des perceptions qu’ils provoquent. Le titre « Vertigo » — issu du latin vertere, qui signifie tourner — évoque la perte de repères, le vertige provoqué par la nature, la lumière, le vent ou l’eau, et interroge la capacité de l’art à recréer cette expérience.
L’exposition se déploie dans les vastes espaces souterrains de la villa, sur près de 2 000 m², ainsi que dans le jardin méditerranéen protégé. Le parcours est structuré en grandes sections thématiques comme l’Eau, la Terre, l’Air, l’Infini, et parfois l’Abîme, chacune explorant un aspect élémentaire et sensoriel du vertige. Les visiteurs sont invités à cheminer pieds nus pour mieux ressentir la matière, la température et la résonance des lieux, dans une mise en scène pensée pour amplifier la relation entre corps et environnement.

VERTIGO rassemble une cinquantaine d’œuvres issues de prêts de musées ou d’institutions, de la collection Carmignac elle-même, ainsi que de nouvelles créations in situ. Parmi les artistes exposés, on retrouve des figures majeures de l’art moderne et contemporain comme Yves Klein, James Turrell, Jesús Rafael Soto, Olafur Eliasson, Hans Hartung, Anna‑Eva Bergman, Helen Frankenthaler, Gerhard Richter, Frank Bowling, ainsi que des artistes plus jeunes comme Flora Moscovici ou Caroline Corbasson.

Le parcours combine peintures monumentales, sculptures cinétiques, installations lumineuses et effets d’optique. Certaines œuvres, comme les environnements immersifs de Turrell ou les champs de couleur vibrants de Klein, créent de véritables espaces de perception troublée. D’autres pièces, comme la grande toile Mémoire du regard (1989) de Chu Teh‑Chun, rarement montrée, rappellent la puissance évocatrice de l’abstraction lyrique inspirée des phénomènes naturels.

Au-delà de la simple présentation d’œuvres, l’exposition propose une expérience sensorielle totale : jeux de lumière naturelle à travers les puits de lumière du bâtiment, parcours décloisonnés favorisant l’introspection, alternance d’espaces ouverts et plus confinés. L’architecture minimaliste et souterraine de la villa renforce l’effet de surprise et la concentration sur les œuvres, tout en ménageant des points de vue sur la nature environnante.
Le commissaire Matthieu Poirier insiste sur la dimension phénoménologique du projet : il ne s’agit pas seulement de voir des paysages mais de ressentir leur pouvoir de désorientation et de transformation. La scénographie met ainsi en dialogue plusieurs générations d’artistes et de mediums pour cartographier une géographie sensorielle qui va des profondeurs terrestres au cosmos.