Cet automne, le Whitney Museum de New York invite à un double voyage où l’art devient langage et le quotidien se fait poésie. Deux expositions, deux voix, se répondent : Christine Sun Kim et Claes Oldenburg.


Avec All Day All Night, Christine Sun Kim transforme le silence en matière. Artiste sourde, elle interroge la façon dont le son traverse nos vies, même lorsqu’il échappe à l’oreille. Ses dessins, installations et performances traduisent l’invisible : sous-titres libérés des écrans, vibrations tracées à l’encre, gestes amplifiés en signes plastiques. Le spectateur ne se contente pas de voir, il apprend à écouter autrement, à ressentir ce qui d’ordinaire se dérobe.
À quelques salles de là, Drawn from Life dévoile les esquisses de Claes Oldenburg. Maître du Pop Art, il a élevé les objets du quotidien au rang d’icônes monumentales. Ici, ses dessins révèlent une intimité plus légère : hamburgers, glaces fondantes, prises électriques deviennent prétextes à l’humour et à la tendresse. Sous son crayon, l’Amérique des années 60 apparaît familière et démesurée, comme si chaque détail de la vie moderne méritait d’être célébré.


Deux expositions, deux univers, une même idée : élargir notre perception. Chez Christine Sun Kim, le langage dépasse l’audible ; chez Oldenburg, le banal devient extraordinaire. Le Whitney réunit ces voix singulières pour rappeler qu’un musée est avant tout un lieu de transformation, où l’on apprend à regarder le monde avec d’autres yeux et parfois avec d’autres sens.
On en sort avec l’impression d’avoir lu un poème silencieux et croqué une glace géante, un pas de plus dans la découverte d’une ville qui, comme l’art, ne cesse de se réinventer.