Cet automne, le Musée d’Orsay dédie une rétrospective majeure à John Singer Sargent et nous invite à redécouvrir un peintre virtuose, dont l’ambition s’est tissée à la croisée de la capitale française et de la modernité.


Arrivé à Paris à dix-huit ans, Sargent s’installe dans l’effervescence artistique de la Belle Époque, étudiant auprès de Carolus‑Duran puis exposant au Salon.
L’exposition retrace cette décennie fondatrice, jusqu’au scandale retentissant de son chef-d’œuvre Madame X (1884), moment de bascule entre reconnaissance et provocation.
Les premières salles plongent dans le portrait et le voyage.
Peintures de luxe, scènes de plein air, esquisses et commandites se succèdent Sargent fait de Paris son atelier, sa vitrine, son terrain de jeu.
Chaque toile fait éclater le lustre de l’époque, saisit la lumière, affûte la touche, capte les regards.


Puis, plus loin, la palette s’élargit, le geste devient plus libre : aquarelles de paysages, scènes de voyage, études d’atmosphère.
L’artiste s’éloigne du portrait mondain pour explorer la nature, la lumière tremblée, le mouvement du pinceau.
C’est un autre visage de Sargent, moins mondain, plus contemplatif mais tout aussi maîtrisé.
En traversant l’exposition, on saisit que Sargent n’était pas seulement un peintre de société : il était un pionnier à sa façon, mêlant art académique et audace moderne, renouant avec les maîtres anciens tout en regardant vers l’avenir.
À la sortie du musée, la Seine glisse sous le pont, les façades haussmanniennes brillent d’une douce lumière automnale. Le regard est changé : plus attentif à la couleur, à l’ombre portée, à la posture d’un modèle comme si Paris, à travers Sargent, s’était révélée à nouveau.
