Cet automne, le Whitney Museum plonge dans les années soixante, mais loin des clichés colorés du Pop.
Avec Sixties Surreal, l’exposition dévoile une autre Amérique, plus intérieure, plus troublée : celle où le rêve, l’inconscient et la métamorphose s’invitent dans les formes de l’art.


De 1958 à 1972, plus d’une centaine d’artistes, Diane Arbus, Yayoi Kusama, Louise Bourgeois, Romare Bearden, Lee Bontecou, Nancy Grossman et bien d’autres explorent les zones où la réalité vacille.
Leurs œuvres oscillent entre désir et vertige, entre corps et machine, entre révolte et poésie.
Le parcours s’ouvre comme un défilé de visions. Sculptures monumentales, collages hallucinés, portraits fragmentés : chaque salle devient un seuil vers un imaginaire en expansion.
La lumière change, les murs semblent respirer, l’espace se fait mouvant. Ici, l’art ne décrit plus le monde, il le rêve, il le dérègle, il le réinvente.
Entre surréalisme et mutation sociale, l’exposition capte la tension d’une époque : celle des révolutions intimes et collectives, des libertés en construction, des identités en éclat.
Devant un visage de Linda Lomahaftewa, l’abstraction devient mémoire ; face aux installations de Mel Casas, l’ironie se transforme en manifeste.
Chaque œuvre, à sa manière, interroge le réel comme on interroge un rêve dont on ne veut pas encore s’éveiller.


On quitte le Whitney comme après un léger vertige. La ville paraît changée plus étrange, plus vibrante, comme traversée par un souvenir collectif.
Sixties Surreal réveille une décennie en clair-obscur, où l’art ne se contentait pas de refléter le monde, mais cherchait déjà à l’ouvrir.